Ces dernières semaines, force est de constater que certains commerces se sont retrouvés dans une situation d’épuisement des stocks de plusieurs produits de première nécessité (sucre, semoule, farine, huile, etc.). Quelles en sont les raisons ?
Plusieurs causes à ce problème : Tout d’abord, la Tunisie fait face à de réelles difficultés d’approvisionnement en blé dur et tendre (essentiels à la fabrication de farine et de semoule).
Ces difficultés sont à la fois liées à la situation budgétaire tendue de l’Etat et à l’incapacité de l’Office National des Céréales à payer les fournisseurs avant les livraisons – en décembre 2021, six bateaux chargés de blé étaient en rade dans les ports de Radès, Sfax et Gabès, attendant d’être payés pour pouvoir livrer la marchandise.
L’approvisionnement en blé est aussi impacté par la hausse des prix du transport qui se répercute sur le prix du blé, dans un contexte de reprise économique mondiale, et pourrait être aggravé par la crise entre Ukraine et Russie, parmi les principaux fournisseurs de blé du pays.
En effet, la Tunisie est très dépendante des importations puisqu’elle produit moins de la moitié de ses besoins nationaux, en raison de la baisse de la productivité du secteur agricole et des impacts du changement climatique sur la production.
En 2021, elle a importé 3,7 M de tonnes de céréales ; le blé représentait la moitié de ce montant.
Le déficit de la balance alimentaire de la Tunisie a triplé au cours des dix premiers mois de 2021, il a atteint 1,7 Md TND en 2021 (523,5 M EUR), contre 619 M TND en 2020 (190,8 M EUR).
D’un autre côté, la situation pourrait être aggravée par l’existence de défaillances dans les circuits de distribution, telle que d’éventuels comportements de stockages spéculatifs ou de contrebande de produits de base subventionnés. C’est dans cette optique que le Président Saïed s’est engagé à « lutter contre les spéculateurs » (un décret devrait être promulgué pour tenter de réguler les circuits de distribution, mais son contenu reste pour l’instant inconnu) et que les saisies de marchandises et les descentes dans les entrepôts par le ministère de l’intérieur se sont multipliées (près de 1000 tonnes de produits subventionnés auraient été saisies ces deux dernières semaines).
Alors que la Tunisie a déjà connu plusieurs mouvements sociaux dont le déclencheur était la pénurie de produits alimentaires, la ministre du Commerce, Fadhila Rabhi, a tenté de rassurer en affirmant que des stocks avaient été constitués, que les opérations de production et d’importation se poursuivaient de façon normale et que les besoins seraient couverts jusqu’en mai.
La ministre a également souligné la nécessité de lutter contre la spéculation et le détournement des produits de base à travers le passage d’un système de subvention des prix vers un système de compensation transferts directs d’ici 2023.
Source Ambassade de France en Tunisie
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