Promouvoir le rôle régional de la Jordanie dans le domaine de l’énergie figure parmi les axes essentiels de la stratégie 2020-2030 définie par les autorités pour ce secteur. Pays de transit pour le gaz, la Jordanie veut peser davantage en matière de transport électrique et aspire également à devenir exportatrice d’électricité, vers l’Irak principalement.
Ses capacités de production excédentaires et l’évolution de la demande domestique, la conduisent à rechercher des débouchés régionaux pour contribuer au rééquilibrage des comptes de la National Electric Power Company (NEPCO). Plusieurs accords ont été signés dont la mise en œuvre se heurte pour certains à l’insuffisance des infrastructures ou à un modèle financier encore indéterminé.
Le réseau électrique jordanien est déjà connecté à l’Égypte et à la Palestine.
La Jordanie est reliée à l’Égypte par une ligne haute-tension (400 KV) sous-marine d’une capacité de 550 MW qui pourrait être doublée pour accroître les volumes échangés. Les flux d’électricité transmis dans les deux sens via cette ligne déclinent depuis 2011. Ils sont passés d’environ 1300 à 373 GWh au cours de la décennie écoulée et se composent essentiellement d’exportations de l’Égypte vers la Jordanie. Ces ventes sont toutefois marginales et ne représentent qu’environ 2% de l’électricité achetée par NEPCO.
Si les volumes sont faibles, cette ligne joue toutefois un rôle important pour stabiliser et équilibrer le réseau jordanien. Le contrat d’échange d’électricité entre les deux pays est renouvelé annuellement. S’agissant de la Palestine, NEPCO vend depuis 2008 environ 30 MW d’électricité par an et devrait porter ce volume à 80 MW à partir de l’été 2022 après la mise en service de la centrale d’Al-Rama.
La Jordanie est également connectée à la Syrie.
D’une capacité estimée entre 300 et 800 MW, la transmission avec le territoire syrien n’est plus active depuis 2011 et l’état de l’infrastructure est incertain. Les discussions en cours pour exporter de l’électricité jordanienne au Liban via la Syrie pourrait toutefois relancer la transmission jordano-syrienne. En effet, le projet régional d’interconnexion énergétique sur lequel travaillent les autorités jordanienne, libanaise, égyptienne et syrienne comporte un volet visant à importer au Liban de l’électricité (250 MW) produite en Jordanie. Le réseau électrique syrien serait mobilisé pour le transit.
Des accords bilatéraux avec l’Irak et l’Arabie saoudite ont été signés en 2020 pour renforcer l’intégration énergétique régionale et trouver de nouveaux débouchés à l’électricité jordanienne.
Le projet d’interconnexion avec l’Irak permettra à la Jordanie de vendre 150 MW d’électricité par an pendant trois ans dans un premier temps. L’objectif est également de renforcer les lignes entre les deux pays pour absorber des flux d’énergie plus importants, potentiellement en provenance d’autres pays de la région. Les premiers échanges pourraient avoir lieu à la fin de cette année ou l’année prochaine.
Les études de faisabilité concernant l’interconnexion saoudo-jordanienne ont été réalisées et portent sur une ligne haute tension de 164 km reliant la ville d’Al-Qurayyat, située à 30 km de la frontière jordanienne et Amman Est. La signature d’un nouveau protocole d’entente entre les deux pays est attendue pour finaliser le modèle technique et financier du projet.
Ce projet marquerait une première étape vers une intégration électrique de grande ampleur qui associerait les pays du Golfe, l’Irak, l’Égypte et voire même la Syrie lorsque les conditions le permettront. En outre, dans le cadre de la promotion de cette interconnexion électrique arabe et régionale, NEPCO a récemment signé des protocoles d’accord avec la Gulf Electrical Interconnection Commission et la Saudi National Electricity Transmission Company.
La Jordanie est connectée au Liban, à l’Égypte et à la Syrie.
Le projet régional d’interconnexion énergétique précité comprend également un volet gazier prévoyant d’acheminer du gaz égyptien depuis la Jordanie vers le nord de la Syrie, cette dernière fournirait ensuite des volumes équivalents (460MW) à la centrale électrique libanaise de Deir Ammar.
Ce rôle régional de la Jordanie contribuerait à la diversification des fournisseurs et des « routes » d’approvisionnement. Il s’inscrit dans le cadre de la stratégie énergétique jordanienne qui repose notamment sur : les importations de gaz d’Égypte et d’Israël ; la construction d’un pipeline avec l’Irak et la promotion des énergies renouvelables.
La Jordanie est également connectée à Israël.
Les volumes de gaz israélien fournis à l’Égypte augmentant, le Ministère de l’Énergie israélien a autorisé l’utilisation du gazoduc arabe depuis Aqaba, en Jordanie. Par ailleurs, les autorités israéliennes ont récemment approuvé des plans visant à exporter des volumes supplémentaires du champ gazier de Léviathan vers l’Égypte via le gazoduc arabe de Jordanie.
La Jordanie a une capacité de production d’énergies renouvelables excédentaire.
La contribution des énergies renouvelables au mix énergétique jordanien a enregistré une forte progression au cours des dernières années, passant de 1 % en 2014 à 26 % en 2021. La capacité installée s’élève à 4 500 MW alors que la demande actuelle se situe entre 3 000 et 3 500 MW. Les contrats d’approvisionnement à long terme conclus par le pays (avec l’Égypte pour le gaz naturel liquéfié et Israël pour le gaz) ainsi que la mise en route de la centrale au gaz de schiste d’Attarat (dont la capacité de production nette atteint 470 MW) suffisent largement à couvrir la demande nationale et dégageraient même une production nettement excédentaire. La situation actuelle du secteur de l’énergie freine le développement de la production d’énergies renouvelables.
Un protocole d’entente a été signé avec Israël en novembre 2021 et prévoit l’exportation d’énergies renouvelables jordaniennes en échange de livraisons d’eau israélienne.
La Jordanie pourrait exporter 600 MW d’électricité verte à son voisin israélien et recevrait 200 M m3 d’eau. Les Émirats Arabes Unis participent à cette initiative régionale et leur entreprise MASDAR construirait et cofinancerait de nouvelles installations solaires en Jordanie.
Un renforcement du réseau de transport électrique (grid) jordanien est impératif.
Les infrastructures actuelles ne permettent pas d’absorber un volume supplémentaire significatif et constituent l’une des raisons qui expliquent la décision du gouvernement jordanien prise en janvier 2019 de suspendre la réalisation de projets en matière d’énergies renouvelables supérieur à 1 MW. La capacité de la Jordanie à financer les investissements sous-jacents à ces projets de transmission reste à confirmer.
Source Service économique de Amman Ambassade de France
Réagissez à cet article