Dans le commerce global du blé, l’Afrique du Nord tient une place majeure. La région qui est principalement consommatrice de la céréale sur le continent pèse pour 15 % des importations mondiales.
En 2023/2024, la France devrait expédier 4,3 millions de tonnes de blé tendre vers l’Algérie et le Maroc. C’est ce qu’a indiqué au quotidien d’information agricole Terre-Net, Alexandre Marie, chef analyste pour Agritel (Argus Media France), en marge d’une conférence organisée à Paris le 24 août dernier.
Ce stock représenterait 45 % du potentiel à l’export vers les pays tiers durant ladite campagne qui s’achèvera d’ici juin prochain, mais resterait inférieur au niveau de 7 millions de tonnes dépassé régulièrement entre 2013/2014 et 2019/2020.
D’après le responsable, la réalisation de cet objectif dépendra d’abord de la capacité des opérateurs de l’Hexagone à être compétitif sur toute la campagne afin de reconquérir ces deux marchés traditionnels qui connaissent diverses évolutions.
En Algérie, le blé français qui écrasait autrefois les autres origines n’est plus en terrain conquis depuis la modification par les autorités en 2021 du taux de tolérance en grains punaisés qui a ouvert les portes aux fournisseurs de la mer Noire, dont le plus important, la Russie.
Du côté du Maroc, l’Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL) a modifié en juillet dernier, son système de restitution à l’exportation de blé, une décision qui incite les acteurs locaux à s’approvisionner depuis la mer Noire.
« Entre mai et juillet, le blé français n’a pas été compétitif. Loin de là. Les écarts dépassant parfois les 40 $/tonne en faveur de l’origine russe. Le blé français n’était pas capable de remplir les carnets de commandes à l’exportation vers les pays tiers. Mais la donne change depuis quelques semaines, avec d’une part un travail d’amélioration du prix de l’origine France et une remontée des prix russes liés à des retards de récolte, des tensions logistiques internes et à la prime d’assurance de fret qui reprend de l’ampleur à cause de l’insécurité maritime », explique Alexandre Marie.
Plus globalement, il faut souligner que l’enjeu est d’autant plus important pour la France qu’elle doit gérer un important surplus exportable de près de 17 millions de tonnes dans un contexte de baisse de la consommation intérieure et de recul des ventes du côté de certains débouchés européens comme l’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique.
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