L’expansion démographique du pays a été le déterminant au cœur de la Vision 2030 qui a élaboré des solutions intégrées pour y répondre à travers des grands projets d’infrastructures, de logement et une meilleure gestion des ressources. La stratégie s’articule autour d’une quinzaine de « méga projets » englobant des initiatives en matière industrielle, d’énergie et de transport qui visent également à attirer les investissements étrangers. Entre 2016 et 2019, l’Égypte s’est ainsi engagée dans d’importants grands projets nationaux de transport qui auraient représenté un investissement total de 143 Mds EGP (8 Mds € au taux moyen sur la période), et offrant des opportunités considérables aux entreprises étrangères. Outre l’expansion du réseau routier, d’autres initiatives essentielles sont en cours de réalisation pour assurer une meilleure connectivité nationale et électrifier le réseau : un train électrique léger (LRT) de construction chinoise et opéré par RATP Dev, le monorail (Alstom UK) et trois lignes à grande vitesse (Siemens) en cours de développement. Le réseau du métro du Caire continue de s’étendre. La ligne 3, inaugurée en 2012 et exploitée par RATP Dev depuis 2020, a été étendue sur ses phases 3B et 3C durant le premier semestre 2024.
Autre chantier structurant de la Vision 2030, l’élargissement et la construction d’une nouvelle voie dans le Canal de Suez ont permis d’accroitre la capacité d’accueil des navires et de résoudre les problèmes de congestion. La nouvelle capitale administrative, mégaprojet central initié par le Président Sissi avec un coût initial prévu de 58 Mds USD, accuse un retard certain lié à la Covid-19, mais aussi à un échéancier initial trop ambitieux. L’ensemble des investissements dans le pays a atteint 2,4 % du PIB en 2022 selon la Banque Mondiale, en ligne avec l’objectif fixé à 2,5 % du PIB en 2025. Toutefois, les objectifs et indicateurs de performance décrits dans la vision ont été élaborés avant les chocs externes majeurs du début de la décennie 2020 (Covid-2019, guerre en Ukraine, conflit Israël Hamas), qui ont eu de lourdes conséquences sur l’économie et les recettes budgétaires.
Cela a contraint le gouvernement à réévaluer ses priorités, conduisant à un retard dans la concrétisation des projets que le gel de tout nouvel emprunt en devises étrangères entre février et juin 2024, fin de l’année fiscale, a accentué. Néanmoins, le Président Sissi, réélu en décembre 2023, a revu à la hausse les objectifs du gouvernement. Le nouveau projet de croissance serait en partie fondé sur la filière énergétique (cible de 25 % du PIB en 2030 contre 13 % aujourd’hui), l’Égypte souhaitant développer sa filière renouvelable (42 % du mix électrique en 2030) mais également doubler ses exportations d’hydrocarbures et d’électricité (nouvelles interconnexions avec l’Arabie Saoudite et, à un horizon plus lointain, avec l’Europe, pour doubler ses exportations d’ici 2030 à 1,5 GW/jour). Ces objectifs paraissent particulièrement audacieux alors que l’Égypte a vu sa production gazière s’effondrer depuis deux ans, atteignant son niveau le plus bas depuis 2017 et provoquant une forte pression sur le réseau ainsi que des délestages quotidiens depuis l’été 2023.
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