En janvier 2011, avec la chute du régime Ben Ali, la démocratie naissante avait promis de nombreuses réformes, notamment dans le secteur des médias dominé par le gouvernement. Plus de 10 ans après, la situation semble ne pas avoir beaucoup changé.
Plusieurs acteurs de la scène médiatique et les structures représentatives, dont la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) étaient réunis, le lundi 20 décembre, dans le cadre des préparatifs de la conférence nationale sur les politiques publiques dans le secteur des médias. Il était notamment question de la nécessité de le réformer.
Selon Nouri Lajmi, président de la HAICA, le cadre législatif organisant les institutions médiatiques en Tunisie présente des lacunes, même si l’instance régulatrice a toujours œuvré à « garantir la neutralité des médias et à les maintenir à l’écart de toute instrumentalisation politique ».
Yassine Jelassi, président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), a déploré la « tentative d’asservissement de la presse » qu’ont perpétré les gouvernements successifs depuis 2011. Pour lui, au cours de la décennie écoulée, l’exécutif s’est occupé à saper les tentatives de réformes du secteur des médias, en remplaçant les projets de loi proposés par les professionnels du secteur par des propositions des partis politiques.
Les participants ont également abordé la question du retard des réformes, le problème du chevauchement entre les médias traditionnels et les nouveaux médias, la question de la publicité publique soumise au clientélisme et à l’anarchie, l’absence de vision claire ou d’approche consultative dans le rapport entre l’Etat et les médias.
Hédi Tarchouni, secrétaire général adjoint de la Fédération générale de l’information (UGTT), a, par ailleurs, proposé un document pour la réforme des médias qui prévoit des objectifs à court et à long terme.
Rappelons que le secteur est toujours régi par des décrets de 2011 et les promesses de réformes politiques n’ont pas abouti à grand-chose. Pour de nombreux acteurs, le statu quo observé dans le paysage médiatique tunisien est dû notamment à l’absence de volonté et d’implication de la part des autorités. En février, la HAICA avait accusé le gouvernement d’entraver la réforme des médias.
La Tunisie occupe actuellement la 73e place dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF).
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