La région est marquée par des taux de chômage élevés, en particulier chez les jeunes et chez les femmes. Le taux de chômage moyen s'élève à 16% environ, mais il est bien plus élevé dans certains pays (Liban, Jordanie, Palestine). Ces moyennes masquent aussi des écarts significatifs selon le genre et l’âge. Cette persistance d’un chômage endémique est en partie due à un mauvais appariement et inadéquation de l'offre et de la demande de travail, en particulier en Jordanie, au Liban, en Irak et dans les Territoires Palestiniens, où la plupart des jeunes ont atteint un niveau d'études trop élevé pour les emplois créés et disponibles.
La faible diversification économique et la place trop importante du secteur public affectent le marché de l’emploi et entretiennent son dysfonctionnement.
L’Irak, exportateur de pétrole à l’échelle mondiale, rencontre des difficultés à diversifier sa base productive et industrielle, ce qui limite les opportunités de création d’emplois. L’Iran, premier exportateur de pétrole de la zone, dépend plus faiblement de ce secteur avec une économie relativement diversifiée. La création d’emplois en Jordanie est médiocre et secteur public continue d’attirer une proportion importante des Jordaniens en offrant des salaires plus élevés et un niveau de confort supérieur.
En Égypte, si la croissance économique est principalement tirée par les secteurs à forte intensité capitalistique (transports, hydrocarbures, construction…), la création d’emplois dans le secteur privé n’a augmenté que de 2 % en moyenne annuelle entre 2010 et 2019.
La difficulté d’accès au marché du travail et les faibles niveaux de rémunération dans l’ensemble de la zone du Proche-Orient encouragent des nombreux travailleurs à émigrer et alimentent la fuite des cerveaux.
L’Égypte et la Jordanie ont connu une émigration massive vers les pays du Golfe. Les expatriés égyptiens y travailleraient principalement dans les hydrocarbures et le BTP, dans l’enseignement primaire et les services médicaux pour les plus qualifiés. En Jordanie, depuis les années 1970, de nombreux travailleurs sont partis dans les pays du Golfe où ils perçoivent des salaires supérieurs et pourvoient des emplois souvent plus qualifiés.
Cette émigration pourrait cependant ralentir sous l’effet des politiques de nationalisation de la main d’œuvre dans les pays du Golfe. Au Liban, l’émigration habituelle d’une partie de la jeunesse libanaise, étudiante ou diplômée, s’accentue depuis le début de la crise.
Malgré les difficultés liées à l’accès à des données fiables, le Proche-Orient enregistre l’un des taux d’informalité les plus élevés au monde, avec près de 60% d’employés dans le secteur informel, principalement dans l’agriculture, le bâtiment, ainsi que le commerce de gros et de détail.
De manière notable, la Syrie affiche un taux d’informalité supérieur à 90%. Le niveau de vulnérabilité sociale élevé pousse davantage de personnes à entrer sur le marché du travail, majoritairement de manière informelle. Le secteur informel libanais semble aussi s’être développé ces dernières années, en particulier la contrebande avec la Syrie et le trafic de drogue (par nature très difficile à estimer).
Le développement de la cash economy a notamment contribué à l’augmentation de l’informalité dans le pays. En Irak et en Égypte, la prédominance de l’économie informelle est frappante, avec respectivement 95% et 90% des entreprises qui ne seraient pas officiellement enregistrées.
Enfin, en Égypte, le nombre de personnes travaillant dans l’informalité a augmenté de +23% entre 2018 et 2019, en particulier chez les hommes.
Source Ambassade de France au Liban-Service économique
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